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Soël “Wild Dream” Briche: La grosse… Fève

Soël "Wild Dream" Briche: La grosse… Fève | Hammer Tackle

Août 2022, je travaille depuis quelque temps à bord d’un vaisseau sur celle que nous prenons plaisir à appeler la “Grande Dame”. Ces quelques mois sur Nantes en compagnie de “Tonton” ont été très riches en émotions mais la pêche commence à me manquer et c’est lors d’une soirée aux multiples parfums de piraterie que le projet OrellaSlip prit forme.

Cela doit faire 6 mois que Nicolas Jolly m’assaille de ses propositions de tournages en tous genres.

“Faut qu’on fasse un truc pour Guillaume”
“Ya plus du tout de vidéos DS”
“Va y Soso faut que tu reprennes les manettes pour faire un p’tit film avec des gars du team”
Blablabli blablaba…
Jusque là j’m’en suis plutôt bien sortie avec ma disquette favorite : “Mec j’ai déjà des années de retard sur d’autres projets vidéo : Laisse moi tranquille !”

Mais ce soir-là, les planètes, ou du moins les verres de rhums étaient alignés pour que je change d’avis et transforme mon discours raisonné en un irresponsable “Va y j’suis chaud!”

Concernant “l’après”, mes souvenirs sont plutôt flous et se résument grosso modo à des km de marche sans réel projet de destination, un câlin avec un hypothétique boxeur aux réflexes relatifs, une plaque d’immatriculation arrachée par un infirmier au look de revendeur clandestin et un réveil dans une moiteur et une pollution sonore semblable à celle d’un bas quartier de Manille.

Bref, sans même en avoir réellement conscience, je venais de m’engager à partir un mois en Espagne pour aller filmer des copains sur l’une des flottes les plus prisées d’Europe ces dernières années. Énorme paradoxe pour un gars qui fuit les carpistes et les endroits pêcher non ?

J’appuie sur la touche “avance rapide” car le récit de cette histoire pourrait remplir plusieurs tomes tant les détails sont nombreux.

Nous voilà donc début Novembre il est environ 4h du matin lorsque nous foulons les berges de ce réservoir situé en plein désert.
Un coma plus tard, le réveil est rythmé par les sons d’un nombre incalculable de bass boat arrivant du bas du lac à pleine vitesse.
Minute après minutes se dévoile un tableau aussi magnifique que désolant. Les courbes de ce lac et son atmosphère “western spaghetti” font de cet endroit, un lieu exceptionnel.
En revanche, petit à petit la lumière nous permet de distinguer de plus en plus de “champignons” absolument partout autour de nous et çà c’est tout de suite moins envoûtant. Nous sommes en pleins week end fériés et là quantité d’humains sur les berges me donne la nausée.
Je m’auto flagelle de ne pas avoir sauté sur l’occasion de pêcher ce lac il y a plus de 10 ans quand mon ami Mehdi m’en faisait l’éloge.
Entendre parler de pression de pêche excessive et la voir de ses propres yeux sont deux choses totalement différentes. Il y a finalement peut-être bien des limites à l’imagination. Jamais je n’aurais cru qu’un lac de plus de 5000 hectares puisse être autant assailli. Il y avait littéralement des centaines de carpistes, c’était hallucinant, on se serait cru à Disneyland.

Nos amis sont là quelque part devant nous, noyés dans cette horde de campeurs. Les conditions météo sont à chier pour la saison : 30 degrés la journée, pressions atmosphérique au taquet et aucun changement météo annoncé avant 15 jours. Sans grande surprise, on apprend rapidement que le lac est sur “off” et les résultats de nos amis présents depuis quelques jours semblent confirmer cette tendance.

La décision de changer de flotte devient évidente mais avant de partir nous choisissons Nico et moi, de passer quelques jours à filmer les copains car ceux- ci n’ont pas pour projet de quitter le lac.

Quitte à passer quelques jours sur place on décide rapidement d’amorcer quelques postes afin de faire quelques pêches rapides avant de quitter les lieux et pouvoir cocher la case Orellana dans notre “to do list”.

Quatre ou cinq jours se passent au rythme de séquences vidéo, ballade sur le lac et apéros entre potes.

Le secteur du barrage était clairement le moins pêcher et malgré les rumeurs de faible quantité de poisson il était de loin le plus attrayant à nos yeux.
Après une nuit passée proche du mur à écouter une éventuelle activité de carpes, nous passâmes la journée à échosonder et plonger sur quelques zones potentiellement propices. Quatre postes furent amorcés dont un où j’ai pu observer un bon nombre de sauts de carpes au lever du jour.
Nico attaque le soir même et attrape (ou décroche je ne sais plus) une petite commune sur un poste non amorcé proche du barrage.
Sa seconde nuit se solde par une commune de la dizaine capturée sur un poste amorcé la veille dans une grande baie.
J’arrive pour la troisième nuit, blindé de confiance au vu des résultats de Nico, de l’activité observée 3 jours avant et de l’amorçage mis en place il y a déjà 48H.

Il doit être 16h passé lorsque j’enfile ma combi pour vérifier l’amorçage et après seulement 3 “canards” c’est la douche froide !

Tous les appâts sont au fond de l’eau. C’est incroyable !
Vu l’activité de l’autre matin et au vu de l’état de certains spot sous l’eau (pulvérisé) je n’aurais jamais imaginé ce scénario !
L’entêtement et l’orgueil sont deux ennemies considérables pour un pêcheur de carpe et sans le savoir nous commencions à en faire les frais.
Depuis notre arrivée tout le monde nous rabâche que les amorçages ne fonctionnent plus et que la bonne technique est la pêche au spot.
Nombreux sont également ceux qui nous ont conseillé de laisser pêcher les cannes 48 à 72H. Bref c’est clairement ce que nous n’aimons pas dans la pêche, on est bien trop impatient pour ça et il est évident qu’on n’a pas fait 900 bornes pour se poser et attendre… Autant jouer au loto !

Sauf que là, la somme de toutes ces rumeurs me pète à la gueule : Il semblerait qu’il n’y ait pas de fumée sans feu, je n’ai clairement pas pris la bonne décision en descendant 20 kg de came sur ce poste !

La lumière baisse progressivement et il faut vite rebondir. Nico retourne dans la grande baie et m’invite à le suivre. Pris de court j’accepte car je ne me vois pas poser mes lignes sur un tas d’appâts qui n’a pas bougé depuis 2 jours. Cependant je meurs d’envie de savoir si les poissons sont jours là.

J’abandonne donc Nico en chemin pour m’échouer sur une grande pointe me donnant un bon point de vue sur mon poste amorcé.
Il fait déjà bien sombre mais je me jette à l’eau pour observer le fonds devant moi. C’est très monotone et il y a clairement très peu de traces de carpes de 2 à 12m de fond. De plus, toutes ces traces sont vieilles, ce qui ne m’inspire pas confiance.
Cela dit, dans mes pieds résident de vieux pieds de potamots poussant de manière éparse et comme souvent, la base de ceux- ci ont été sucés pas les carpes et en bonus certaines traces ne sont pas si vieilles que ça.
La décisions de ne pas perdre plus de temps à chercher un potentiel spot au large est prise, je vais placer mes 3 cannes dans mes chaussettes, 3 appâts différent en single ou avec une poignée autour tout au plus, ça évitera d’avoir des bannières parasites devant moi et puis après tout il n’y a que là qu’il y a des signes de vie et cette nuit compte plus pour de l’observation que pour la pêche à proprement dite.

Il fait déjà nuit lorsque je remets la tête sous l’eau pour poser les montages. Comme il m’est déjà arrivé de la faire à Cassien après le boulot, je dépose les montages à tâtons pour retrouver les zones de grouinages. C’est assez inconfortable mais non moins amusant car l’utilisation d’autres sens que la vue apportent un côté fun à l’opération.

Une grosse fève à gauche, une bille délavée au milieu et une tiger de 15mm à droite. 20h, çà pêche et il ne me reste plus qu’à enlever cette combi qui sent le pipi et me geler les grelots pour le restant de la nuit.

23h, départ ! C’est la canne de gauche avec la grosse fève. J’ai une méchante tête dans le cul car j’étais dans un sommeil profond. C’est lent, ça me semble lourd mais je me méfie car les potamots sont encore en pleine forme pour la saison et l’illusion d’avoir un gros poisson est assez commun dans ce genre de situation.
Sans pression je descends au bord de l’eau en chaussettes avec le filet d’épuisette sur les oreilles.
Arrivée en bas le combat s’intensifie et je commence à prendre plusieurs rushs lent et progressif. Je commence à me dire que mon chat noir est peut être resté dans un coffee shop à Madrid et je commence à sourire bêtement en pensant à mon amorçage foiré et aux circonstances de mon arrivée sur ce poste !
Après quelques minutes, une large commune arrive au milieu des plantes tel un squale dans un lagon. Le fish semble loin d’être épuisé mais par chance ma frontale n’éclaire presque plus rien et ne provoque pas de mouvement de panique chez lui.
Quelques potamots sur le museau, un mouvement d’épuisette assez lent et un basculement du corps dans le bon timing concrétisent la capture de ce fish d’une facilité déconcertante.
Bon ben chic, 3h de pêche, une touche une patate… Je commence à comprendre pourquoi tout le monde me tanne pour venir pêcher ici.

Malgré l’heure, je décide de faire une entorse au règlement et de mettre le poisson en sac. La bordure et le substrat devant moi sont particulièrement accueillant (pente douce de sable et limon) la météo est clémente (pas de vent, pas de vagues) Nico est tout proche (moins d’un km).
Une fois n’est pas coutume on va essayer de faire des belles images pour le film, qui sait, ce pourrait être la première et la dernière capture…

Voilà grosso modo comment cette aventure à commencée.
La suite devrait sortir un jour (Inch Allah) dans un film politiquement pas correct signé “Branlotin Production”.
Le bisou

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